La Chine fait remonter à 2003 un premier cas humain de grippe aviaire
PEKIN (AFP) - 08/08/2006 14h59 - La Chine a admis que son premier cas humain confirmé de grippe aviaire datait de 2003 et non de 2005 comme elle l'affirmait jusqu'alors, relançant les interrogations sur le nombre exact de victimes du virus H5N1 dans le pays le plus peuplé au monde.
Le ministère de la Santé, cité par l'agence Chine Nouvelle, a indiqué mardi que ce cas, un soldat de 24 ans, était survenu en novembre 2003.
Des tests de laboratoire menés conjointement par la Médecine militaire chinoise et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont confirmé le cas, a ajouté l'agence officielle.
L'OMS avait demandé en juin des explications à Pékin sur ce cas à la suite de la publication d'une lettre de huit scientifiques chinois dans le New England Journal of Medicine (NEJM) le révélant.
Le gouvernement chinois avait répondu en indiquant avoir lancé une enquête.
Dans la lettre au NEJM, les scientifiques chinois expliquaient qu'un jeune homme décédé en novembre 2003 à Pékin, tout d'abord diagnostiqué comme étant atteint du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), était en fait infecté avec un virus A (H5N1) similaire à ceux trouvés en 2004 dans des volailles dans différentes régions de Chine. Ils faisaient une description détaillée du génotype de ce virus.
Jusqu'à mardi, la Chine n'avait pas fait part de cas de décès humains dus au virus H5N1 en dehors de Hong Kong avant novembre 2005.
Avec le cas de 2003, le nombre de personnes contaminées en Chine est officiellement de 20, dont 13 sont décédées (bien 13), selon l'OMS.
Le décès reconnu mardi accroît les possibilités que d'autres personnes, dont la mort a été attribuée au SRAS durant l'épidémie de 2002-2003, aient en fait succombé à une infection du H5N1.
"A cette époque, la grippe aviaire n'était pas considérée comme pouvant infecter les humains. Il est donc possible qu'il y ait eu confusion et que plusieurs cas aient été mal interprétés", a estimé Roy Wadia, porte-parole de l'OMS à Pékin, ajoutant qu'il était trop tôt pour affirmer désormais que l'épidémie qui a tué 120 personnes en Asie depuis fin 2003 trouve son origine en Chine.
Chine Nouvelle n'a pas indiqué mardi les raisons qui ont conduit à la reconnaissance tardive de ce premier cas.
La Chine avait été sévèrement critiqué en 2003 par la communauté internationale pour avoir caché le début de l'épidémie de pneumonie atypique.
Depuis, le gouvernement chinois s'est engagé à la transparence totale dans le domaine sanitaire, mais nombre d'observateurs étrangers et d'experts mettent en doute la fiabilité des statistiques dans un pays où les informations ont souvent du mal à remonter des provinces vers le centre du pouvoir à Pékin.
"Ce cas illustre les défis auxquels le gouvernement chinois fait face dans le domaine de la communication", estime Roy Wadia.
TV5