Le français: langue de culture
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 Questions courantes [ très utiles]

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MessageSujet: Questions courantes [ très utiles]   Questions courantes [ très utiles] EmptyVen 25 Aoû 2006 - 21:05

http://www.academie-francaise.fr/langue/questions.html#ce_qui_reste

Questions courantes

À : la voiture de Julie ou la voiture à Julie ?

La préposition à marque normalement l’appartenance après un verbe (cette maison est, appartient à notre ami). On l’emploie avec la même valeur devant un pronom, seule (un ami à nous) ou pour reprendre un possessif (c’est sa manière à lui). Mais on ne peut plus l’employer entre deux noms, comme on le faisait dans l’ancienne langue, sauf dans des locutions figées (une bête à Bon Dieu), par archaïsme ou dans un usage très familier. On dira : la voiture de Julie, les fleurs de ma mère.



À : à, en ou dans devant les noms géographiques

L’usage des prépositions dans, en et à devant les noms géographiques, pour marquer la situation ou la direction, n’est ni tout à fait fixé ni tout à fait cohérent.

En général, cependant, on fait les distinctions suivantes :

devant les noms de pays masculins commençant par une consonne on emploie au : Être, aller au Brésil, au Canada. Devant Danemark, Luxembourg, on rencontre parfois en ;

devant les noms de pays masculins commençant par une voyelle ou féminins, on emploie en : Être, aller en Iran, en Uruguay, en Chine, en Espagne. La langue classique utilisait plus largement à : Un voyage à la Chine ;

devant les noms féminins de grandes îles, on emploie en : En Crète, en Sicile, en Nouvelle-Gui née. On emploie à devant les noms féminins de petites îles lointaines : À la Réunion, à Tahiti. À la Martinique même, toutefois, on dit plutôt en Martinique. Devant les noms de petites îles d’Europe et devant des noms masculins de grandes îles lointaines, on emploie à : À Malte, à Chypre, à Cuba ;

les noms des anciennes provinces françaises et des provinces hors de France se construisent avec en quand ils sont féminins ou quand ils commencent par une voyelle : En Auvergne, en Lombardie, en Normandie, en Anjou. Mais on dit aussi : Dans la Calabre, etc., généralement avec le sens de « dans l’intérieur de ». Quand ils sont masculins et commencent par une consonne, ils prennent en ou dans le ; rarement au : En Berry, en Brabant, dans le Berry, dans le Brabant. D’habitude, on dit dans les Flandres, mais en Flandres est attesté ;

devant les noms de départements français, on emploie le plus souvent dans et l’article ; Dans l’Ain, dans le Bas-Rhin, dans les Bouches-du-Rhône, dans le Cher, dans le Gard, dans le Lot, dans la Creuse, dans le Var, dans les Vosges. Les noms composés singuliers formés de deux éléments coordonnés par et admettent en, sauf lorsque le premier de ces noms est masculin : En Maine-et-Loire, en Seine-et-Marne, mais : Dans le Tarn-et-Garonne, dans le Loir-et-Cher. Certains noms simples se construisent aussi avec en : En Dordogne, en Gironde, en Vendée. En Savoie (ancienne province) et en Corse (nom d’île) sont usuels.

On ne saurait condamner les tournures en Arles, en Avignon, bien attestées chez les meilleurs auteurs, et qui s’expliquent à la fois comme archaïsme (l’usage de en au lieu de à devant les noms de villes, surtout commençant par une voyelle, était beaucoup plus répandu à l’époque classique) et comme régionalisme provençal. Il semble cependant que cet emploi de en soit en régression. Rien ne justifie qu’on l’applique à d’autres villes : on ne dira pas en Arras, en Amiens, etc.

Quant à l’archaïsme (cf. Chanson de Roland : « en Sarraguce » ; La Bruyère : « en Épidaure » ; Racine : « en Argos »...), il peut être renforcé par le sentiment qu’Avignon et Arles ont été des États souverains.

Quant au régionalisme, le provençal, à l’instar du latin, distingue siéu (« je suis ») en Arle, en Avignoun (qui répond à la question ubi du latin) de vau (« je vais ») a(n) Arle, a(n) Avignoun (qui répond à la question quo du latin), évitant le hiatus a/a par l’introduction du n euphonique. Pour les francophones habitués à une forme unique à pour les deux questions, en et an, compris l’un et l’autre comme destinés à éviter le hiatus, se sont trouvés confondus en en français.



À ou chez (établissements commerciaux)

Chez- étymologiquement : « dans la maison » - ne se dit qu’en parlant de personnes et, par extension, d'êtres animés ou d’êtres personnifiés : Il habite chez ses parents. Chez les rapaces, le bec est généralement corné.

Dans le cas d'établissements commerciaux, quatre cas sont possibles :

- la raison sociale se confond avec un nom de personne, et l’on utilise chez : « Aller chez Durand et fils » ;

- la raison sociale est un nom de chose ou un groupe comprenant un tel nom, et l’on utilise à : « Aller au Bon Marché » ;

- on traite comme nom de chose ce qui était autrefois un nom de personne et on utilise à : « Aller à la Samaritaine » ;

- on traite comme nom de personne un nom de chose, un acronyme... et on utilise chez : « Aller chez Fiat ».

Dans le cas où l’usage n’est pas fixé, à ou chez sont possibles : certains auront en tête le nom de personne Leclerc et diront « chez Leclerc » ; d’autres, par une sorte d’ellipse, diront « à Leclerc » pour « au magasin Leclerc ».

On dit peut-être plus couramment à Carrefour, à Auchan... que chez Carrefour, chez Auchan. On n’utilisera l’article défini que pour désigner un magasin particulier : à l’Auchan de tel endroit, au Carrefour de telle ville.



Accentuation des majuscules

Quant à l’utilisation des accents sur les majuscules, il est malheureusement manifeste que l’usage est flottant. On observe dans les textes manuscrits une tendance certaine à l’omission des accents. Il en va de même dans les textes dactylographiés, en raison notamment des possibilités limitées qu’offrent les machines traditionnelles. En typographie, enfin, certains suppriment tous les accents sur les capitales sous prétexte de modernisme, en fait pour réduire les frais de composition.

Il convient cependant d’observer qu’en français, l’accent a pleine valeur orthographique. Son absence ralentit la lecture, fait hésiter sur la prononciation, et peut même induire en erreur.

On veille donc, en bonne typographie, à utiliser systématiquement les capitales accentuées, y compris la préposition À, comme le font bien sûr tous les dictionnaires, à commencer par le Dictionnaire de l’Académie française, ou les grammaires, comme le Bon usage de Grevisse, mais aussi l’Imprimerie nationale, la Bibliothèque de la Pléiade, etc. Quant aux textes manuscrits ou dactylographiés, il est évident que leurs auteurs, dans un souci de clarté et de correction, auraient tout intérêt à suivre également cette règle, en tirant éventuellement parti des ressources nouvelles que peuvent offrir les traitements de texte modernes.

Il en va de même pour le tréma et la cédille.



À l’attention de, à l’intention de

La formule par laquelle, dans le langage de l’administration, on indique le destinataire d’une lettre, d’une communication, d’un envoi, est à l’attention de, pour marquer que l’on attire l’attention du destinataire, que l’on soumet cette lettre, etc. à son attention.

La locution à l’intention de (quelqu’un) signifie « pour lui, dans le dessein que cela lui soit agréable, profitable, bénéfique » : Il a acheté ce livre à leur intention, pour le leur offrir. On compose un poème à l’intention d’un ami. On fait dire une messe à l’intention d’un défunt.



Aller : quel groupe de verbes ?

En tant qu’irrégulier, le verbe aller ne saurait appartenir au « premier groupe », qui ne comporte par définition que des verbes dont la conjugaison est régulière, c’est-à-dire tous les verbes dont l’infinitif est en -er sauf aller et envoyer. Il convient donc de le ranger dans le « troisième groupe » avec tous les verbes irréguliers.

Sur ce point, voici une délicieuse anecdote que rapportait Pierre Larousse dans son Grand Dictionnaire universel:

Un Anglais se plaignait amèrement de l’irrégularité des verbes français, qu’il apprenait : le verbe aller, disait-il, est impossible. Il avait toutes les peines du monde à retenir le premier temps, qu’il récitait à tout propos, et qu’un jeune voyageur français lui avait appris ainsi :

Je vais,
Tu danses,
Il se promène,
Nous courons
Vous partez
Ils marchent.


Dernière édition par le Ven 25 Aoû 2006 - 21:22, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Questions courantes [ très utiles]   Questions courantes [ très utiles] EmptyVen 25 Aoû 2006 - 21:10

Amour, délice et orgue

Amour, délice et orgue peuvent être masculins au singulier et féminins au pluriel.
Amour (au sens de « sentiment passionné ; passion charnelle ») est souvent féminin au pluriel. Cependant, on rencontre, soit dans un usage populaire qui se reflète dans divers textes (chansons...), soit dans une langue littéraire assez recherchée, amour au féminin singulier (« L’amour, la vraie, la grande... » chez Anouilh ; « la grande amour » chez Queneau ; « cette amour curieuse » chez Valéry ; Une amour violente, enregistré par l’Académie), tandis que le masculin pluriel appartient à tous les niveaux de langue. En dehors de ces sens, amour est presque toujours masculin, au singulier comme au pluriel ; il l’est toujours quand il désigne des représentations du dieu Amour.

Délice est généralement masculin au singulier et féminin au pluriel. Cependant, après des expressions comme un de, un des, le plus grand des, etc., suivies du complément délices au pluriel, le masculin est conservé : un de ses plus suaves délices...

Orgue, masculin au singulier, est généralement féminin au pluriel quand il désigne de façon emphatique un seul instrument (les grandes orgues de cette cathédrale), mais reste au masculin quand il s’agit d’un vrai pluriel (les orgues anciens de cette région).


An deux mil ou an deux mille ?

L’Académie n’admet (et ne privilégie) la variante mil de mille, dans les dates, que lorsque le numéral au singulier est suivi d’un ou plusieurs autres nombres.

Selon cette règle, on devrait écrire l’an mille, mais la graphie l’an mil est assez fréquente. Elle peut se justifier par l’étymologie : pour un seul millier, le latin employait mille, d’où est issue en ancien français la forme mil ; pour plusieurs milliers, le latin utilisait milia, d’où vient notre mille, autrefois prononcé comme dans famille. En outre, dès les débuts de notre langue, les deux formes mil et mille ont été employées concurremment, au singulier comme au pluriel. La règle actuelle, fixée par Oudin, est donc arbitraire. Mais elle s’est imposée au XVIIIe siècle.

En résumé, nous conseillons d’écrire non seulement l’an deux mille, mais aussi l’an deux mille dix, etc.



Anglicismes et autres emprunts

Il est très excessif de parler d’une invasion de la langue française par les mots anglais.

Les emprunts à l’anglais sont un phénomène ancien. Pour en donner quelques exemples :

Avant 1700 : ajourner, boulingrin, contredanse, coroner, gentleman, gentry, groom, highlander, lord, lord-maire, yard ;

— Entre 1700 et 1800 : anesthésie, bagage, balbuzard, gin, méthodisme, stick, yeoman ;

— entre 1800 et 1850 : autobiographie, bas-bleu, bifteck, cold-cream, job, mess, silicium, sinécure, speech, steamboat ;

— entre 1850 et 1900 : base-ball, building, goal, lift, lunch, spinnaker, tea gown, tea-room, visualiser ;

— entre 1900 et 1920 : autocar, chewing-gum, jingoïsme, périscope, technicolor, vamp, vitamine ;

—entre 1920 et 1940 : bulldozer, mescaline, méson, silent-bloc ;

— entre 1940 et 1960 : battle-dress, half-track, jet, off-shore, oscar, permafrost, sexy, show, station service ;

— Après 1960 : airbus, audit, crackers, hardware, permissif, shopping center, software, teddy-bear, vanity-case.

Il est vrai que les emprunts se sont accélérés depuis une cinquantaine d’années. Un sondage montre que 14 % des anglicismes d’usage courant ont été introduits en français avant 1800, 22% entre 1800 et 1850, 9 % entre 1850 et 1900, 22 % entre 1900 et 1950, 32 % depuis 1950. En outre, on a relevé dans le Petit Larousse, entre l’édition de 1949 et celle de 1960, 105 nouveaux emprunts à l’anglais contre 86 à l’ensemble des autres langues étrangères. Aux emprunts proprement dits, il convient d’ajouter les emprunts sémantiques (qui consistent à donner une nouvelle acception, anglaise en l’occurrence, à des mots français existants comme conventionnel ou négocier), les réintroductions de termes anciennement empruntés au français par l’anglais (comme chalenge), et les calques (traductions terme à terme de l’anglais comme guerre froide, cols blancs et cols bleus, homme de la rue...).

Cette extension des emprunts à l’anglais tient au fait que, utilisé comme première ou seconde langue par un milliard et demi de locuteurs, donc langue la plus parlée du monde, l’anglais est aussi la langue de la première puissance économique, politique et militaire, et l’instrument de communication de larges domaines spécialisés des sciences et techniques, des transports, etc. À cela s’ajoute que l’on concède généralement à l’anglais une concision expressive qui, si elle peut nuire parfois à la précision (surtout dans l’anglo-américain très pauvre qui sert ordinairement de langue internationale commune), s’accorde au rythme précipité de la vie moderne. Langue mondiale d’usage pratique, l’anglais (principalement l’anglo-américain) exerce une forte pression sur toutes les autres langues. Si Étiemble a popularisé en 1964 (dans son livre Parlez-vous franglais ?), le terme qu’il avait créé en 1959, on rencontre à la même époque Japlish « mélange de japonais et d’anglais », puis Spanglish « espagnol et anglais », Gerglish « allemand et anglais », Russglish, etc. Dans tous les pays, des inquiétudes se sont manifestées, parfois avec véhémence, des voix ont proclamé que la langue nationale était en danger. Or qu’en est-il vraiment ?

Un Dictionnaire des anglicismes de 1990 en enregistre moins de 3000, dont près de la moitié sont d’ores et déjà vieillis. Les anglicismes d’usage, donc, représenteraient environ 2,5 % du vocabulaire courant (60 000 mots). Un Dictionnaire des mots anglais du français de 1998, plus vaste, évalue les emprunts de l’anglais à 4 ou 5 % par rapport au lexique français courant. Si l’on considère les fréquences d’emploi de ces anglicismes, on constate que beaucoup appartiennent à des domaines spécialisés ou semi-spécialisés et sont donc assez peu fréquents dans la langue courante. Quant aux termes purement techniques d’origine anglaise en usage en France, leur pourcentage est du même ordre.

Il est en outre à noter que l’on ne considère ordinairement que le lexique pour parler d’une « invasion » de l’anglais. Mais ni le système phonologique, ni la morphologie, ni la syntaxe (à l’exception de quelques mots comme danse écrit dance, connexion écrit connection ou langage écrit language, fautes assez courantes, et à part l’abus des tournures passives et des emplois erronés des participes présents) ne sont touchés. Les anglicismes de structure, d’ailleurs, se rencontrent essentiellement dans de mauvaises traductions.

Comment se comporter vis-à-vis des emprunts ? La question n’est pas neuve : au XVIe siècle, déjà, certains s’inquiétaient des italianismes — quelques centaines de mots italiens introduits en français.

Certains emprunts contribuent à la vie de la langue, quand le français n’a pas d’équivalent tout prêt ni les moyens d’en fabriquer un qui soit commode, quand ils répondent à un besoin, et quand leur sens est tout à fait clair. C’est ainsi que Nodier, cité par Littré, remarquait que « Confortable est un anglicisme très-intelligible et très-nécessaire à notre langue, où il n’a pas d’équivalent. »

D’autres sont inutiles, comme la plupart de ceux qui relèvent d’une mode, ceux par exemple qui ont été introduits au XIXe siècle par les « snobs » et les « sportsmen »: emprunts « de luxe » en quelque sorte, qui permettent de se distinguer, alors que le français dispose déjà de l’équivalent. Ainsi bitter pour amer, speech pour discours, goal pour but (sports). On remarquera qu’il en va ici comme de toutes les modes, et que ces anglicismes-là n’ont qu’une vie éphémère; plus personne ne dit speaker (à la radio), lift (pour ascenseur) ou trench-coat, tea gown, etc.

D’autres enfin sont nuisibles quand ils sont dus à une recherche de la facilité qui ne fait qu’introduire la confusion : on emploie un anglicisme vague pour ne pas se donner la peine de chercher le terme français existant parmi plusieurs synonymes ou quasi-synonymes. C’est le cas, entre autres, de finaliser, performant, ou, pire encore, de cool, speed (jargon des adolescents).

Il y a donc un tri à opérer. L’Académie française s’y consacre, directement dans son Dictionnaire et ses mises en garde, indirectement par son rôle auprès des commissions officielles de terminologie et de néologie mises en place dans les divers ministères et de la Commission générale. Les travaux de ces commissions, instituées par le décret du 3 juillet 1996, sont soumis à l’approbation de l’Académie. Il convient de préciser que l’établissement de listes d’équivalents à substituer aux anglicismes dans les textes officiels ne représente qu’un aspect de l’activité des commissions.
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MessageSujet: Re: Questions courantes [ très utiles]   Questions courantes [ très utiles] EmptyVen 25 Aoû 2006 - 21:10

Au jour d’aujourd’hui

Au jour d’aujourd’hui, particulièrement redondant puisque aujourd’hui comporte déjà deux fois l’idée du « jour où nous sommes » (c’est le sens de hui, qui vient du latin hodie), se trouve parfois dans la langue littéraire, chez de fort bons auteurs, et très bien employée, lorsqu’il y a volonté d’insistance, pour bien marquer soit une étroite limite temporelle, soit une immédiate actualité. Ainsi chez Maurice Genevoix : « Une riche plaine bien de chez nous, aussi belle qu’au jour d’aujourd’hui ». On l’emploie souvent avec une nuance de plaisanterie. L’essentiel est de n’en pas abuser, mais en elle-même, cette tournure n’est pas incorrecte.



Au temps pour moi

Il est impossible de savoir précisément quand et comment est apparue l’expression familière au temps pour moi, issue du langage militaire, où au temps ! se dit pour commander la reprise d’un mouvement depuis le début (au temps pour les crosses, etc.). De ce sens de C’est à reprendre, on a pu glisser à l’emploi figuré. On dit Au temps pour moi pour admettre son erreur — et concéder que l’on va reprendre ou reconsidérer les choses depuis leur début.

L’origine de cette expression n’étant plus comprise, la graphie Autant pour moi est courante aujourd’hui, mais rien ne la justifie.

[sujet déjà traité sur le forum]



Cédérom

L’Académie française adopte « cédérom » (Communiqué du 31 mai 1996).

M. Maurice Druon, Secrétaire perpétuel de l’Académie française, communique :

L’Académie française constate que le sigle américain CD-ROM s’est installé dans l’usage de manière définitive pour désigner un objet d’emploi de plus en plus courant. Mais ce sigle, devenu terme en soi, comme Radar ou Laser, est jusqu’à présent transcrit d’une façon qui heurte notre graphie. L’Académie a donc décidé de le franciser en l’alignant sur la prononciation, et d’en admettre l’entrée au Dictionnaire sous la forme et avec la définition suivantes :

CÉDÉROM n. m. (le m final se fait entendre) adapté du sigle américain CD-ROM, Compact disc read only memory. Disque optique de grande capacité dont la mémoire non altérable est programmée exclusivement pour la conservation, la lecture et la consultation des informations ou données (textes, images, sons) qui y sont enregistrées. Ex. Cette œuvre a été mise sur cédérom.



Cent, vingt

De façon générale, on met le trait d’union entre les numéraux inférieurs à cent (et non coordonnés par et) : vingt-quatre mais vingt et un. Vingt (et cent) prennent le s quand, multipliés, ils terminent le numéral cardinal. On écrit donc : Nous étions quatre-vingts chasseurs. Quatre-vingt-trois. Quatre-vingt-seize. Cent vingt. Cinq cents. Cinq cent quatre-vingts.

Le Conseil supérieur de la langue française a proposé en 1990 de mettre le trait d’union entre tous les numéraux, mais cet usage ne semble pas se répandre.

Vingt et cent employés comme numéraux ordinaux pour vingtième et centième restent invariables : Page quatre-vingt. Les années quatre-vingt.



Ce qui reste ou ce qu’il reste ?

Avec les verbes susceptibles d’être construits soit personnellement, soit impersonnellement, on utilise ce qui ou ce qu’il : qui est le sujet du verbe construit personnellement, qu’il apparaît dans la tournure impersonnelle. La nuance entre les deux possibilités est parfois indiscernable. Ainsi : ce qui restait d’élèves… (Pagnol) ; ce qui lui reste de sainteté (Maurois) ; ce qu’il lui restait à faire (R. Rolland) ; ce qu’il vous reste à découvrir (Duhamel).

On peut donc écrire aussi bien : nous verrons ce qui se passera ou ce qu’il se passera.



Ci-annexé, ci-inclus, ci-joint

1. L’accord se fait normalement :

a) lorsque ces locutions adjectives, avec la fonction d’épithète, suivent immédiatement le nom auquel elles se rapportent : La lettre ci-annexée. La note ci-incluse apporte les précisions nécessaires. Veuillez remplir la déclaration ci-jointe. Ne communiquez à personne les pièces ci-jointes.

b) lorsqu’elles sont attributs du sujet : Votre lettre est ci-jointe.

2. Inversement, elles demeurent invariables lorsqu’elles ont une valeur nettement adverbiale (elles sont alors traitées sur le modèle des locutions adverbiales ci-après ou ci-contre), ce qui est le cas notamment lorsqu’elles sont placées :

a) en tête d’une phrase sans verbe, devant un groupe nominal (avec ou sans déterminant) : Ci-annexé la copie des pièces demandées. Ci-inclus les photocopies du document. Ci-joint l’expédition du jugement. Ci-joint les deux quittances exigées. Ou encore : Ci-joint copie du rapport. On écrira cependant : Ci-incluses, ces pièces vous sont communiquées pour information (tour rare, il est vrai), la locution étant ici en apposition.

b) à l’intérieur d’une phrase, avec un nom sans déterminant (qu’elles précèdent ordinairement) : Je vous adresse ci-inclus quittance de votre versement. Vous trouverez ci-joint copie du contrat. La circulaire dont vous trouverez copie ci-inclus.

3. Dans les autres cas, lorsque ces locutions sont employées, dans le corps de la phrase, avec un substantif accompagné d’un déterminant, l’usage n’est pas fixé. Selon qu’on leur accorde une valeur adjective ou adverbiale — sans qu’il soit jamais possible de trancher—, on fait ou non l’accord. La huitième édition de l’Académie (1935) ne manquait pas de rendre compte d’une telle latitude : vous trouverez ci-incluse la copie que vous m’avez demandée (article CI). Vous trouverez ci-inclus une lettre de votre père (article INCLUS). On écrira donc : Je vous fais parvenir ci-joint, ou ci-joints plusieurs exemplaires de mon mémoire. Il en va de même lorsque CI-ANNEXÉ, CI-INCLUS ou CI-JOINT peuvent être considérés comme l’attribut d’un pronom antéposé : Retournez-moi les formulaires que vous trouverez ci-joints. La lettre que vous trouverez ci-incluse. Mais l’invariabilité —Retournez-moi les formulaires que vous trouverez ci-joint. La lettre que vous trouverez ci-inclus — apparaissant aussi pleinement justifiée, aucune des deux graphies ne saurait être tenue pour fautive.

L’incertitude observée dans l’usage, qui ne doit rien, on le voit, à l’hésitation ou à l’arbitraire, peut cependant être levée en fonction de connotations diverses tenant au contexte, ou parfois même à la recherche de tel ou tel effet stylistique. Si Bernanos écrit à l’un de ses correspondants : « Vous trouverez ci-joint les pages dactylographiées de mon roman », Hugo préfère : « Je vous envoie ci-incluses des paroles prononcées ici par moi au moment de la proscription ». on se plaît à relever chez Musset (Nouvelles, « Margot », I) l’exemple suivant : « Je prends la liberté de vous envoyer ci-jointes des rillettes ».



Courbatu, courbaturé

Les mots courbatu et courbaturé sont corrects mais, bien que l’on emploie souvent l’un pour l’autre, ils ne sont pas tout à fait synonymes. Le Dictionnaire de l’Académie française (neuvième édition, en cours de publication), donne les définitions suivantes :

COURBATU,-UE adj. XIVe siècle. Déformation de court-battu, composé de court, pris adverbialement, et de battu, proprement « battu à bras raccourcis », « bien battu ».

Qui éprouve une grande lassitude du corps et surtout des jambes. Après cette longue marche, je me sentais tout courbatu.

COURBATURE n. f. XVIe siècle. Dérivé de courbatu. Raideur musculaire provoquée par la fatigue ou la maladie. Avoir des courbatures.

COURBATURER v. tr. XIXe siècle. Dérivé de courbature.

Provoquer des courbatures. Généralement au participe passé. Il est tout courbaturé d’être resté longtemps penché.



Courriel

Courriel a bien été approuvé par l’Académie : la loi dispose que les avis de la Commission générale de terminologie et de néologie ne peuvent être publiés au Journal officiel qu’avec l’aval ou le consentement de l’Académie française. L’Académie considère que l’avis relatif au mot courriel publié au Journal officiel du 20 juin 2003 n’abroge pas les avis antérieurs (voir ci-après Vocabulaire de l’informatique et de l’internet), il les complète. D’origine québécoise, courriel, qui ne figurait pas précédemment dans le vocabulaire officiel, y a été ajouté parce qu’il s’était répandu spontanément dans l’usage. On peut l’employer conjointement avec ses synonymes courrier électronique, message(rie) électronique.

Quant à mél., il reste bien précisé que ce terme n’est pas un mot plein, mais un symbole qui doit s’utiliser seulement dans les mêmes conditions que tél. pour téléphone. Si l’usage se répandait néanmoins de le traiter comme un mot plein (Envoyer, recevoir un mel), il conviendrait de l’écrire sans accent ni point abréviatif, mais cela n’est pas encore admis. L’Académie suit attentivement cette question.

Déchèterie

Considérant que le suffixe utilisé dans ce genre de cas est -erie, forme élargie de -ie, et qu’il n’existe pas de suffixe -terie, l’Académie française a choisi la forme la plus simple et la plus conforme à l’esprit de la langue en orthographiant déchèterie.

C’est la forme que préconise, entre autres, l’Assemblée des districts et des communautés de France.

Deuxième, second

Longtemps, second a été la forme la plus courante, et certains grammairiens prétendaient réserver l’usage de deuxième aux cas où la série comprenait plus de deux éléments ; lorsque l’emploi de second s’est fait plus rare, on a voulu le réduire aux cas où la série ne comprend que deux éléments. Littré, déjà, contestait cette distinction qui jamais ne s’est imposée dans l’usage, même chez les meilleurs auteurs.

L’unique différence d’emploi effective entre deuxième et second est que second appartient aujourd’hui à la langue soignée, et que seul deuxième entre dans la formation des ordinaux complexes (vingt-deuxième, etc.).
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MessageSujet: Re: Questions courantes [ très utiles]   Questions courantes [ très utiles] EmptyVen 25 Aoû 2006 - 21:12

Dimanche : premier ou dernier jour de la semaine ?

Le dimanche (du latin chrétien dies dominicus, « jour du Seigneur ») était encore défini par la septième édition (1878) du Dictionnaire de l’Académie française comme le premier jour de la semaine. Dans la huitième édition (1932), il devenait le dernier. La neuvième édition, en cours de publication, indique :

Traditionnellement, et aujourd’hui encore dans la langue religieuse, premier jour de la semaine qui commémore la résurrection du Christ ; il comportait aussi la prescription du repos. Dans la langue courante, septième et dernier jour de la semaine.

Dans l’usage courant, du fait du sentiment que l’on a que le repos dominical vient après la semaine de travail, c’est le lundi qui est devenu le premier jour de la semaine. Ce sentiment se traduit dans une recommandation de l’Organisation internationale de standardisation (ISO), et dans la présentation des agendas, où le dimanche figure en fin de page ou de double page.



En tant ou autant que de (besoin, raison) ?

La tournure en tant que de (besoin, raison) est un archaïsme.

On a dit : telle chose est de besoin ("on en a besoin"). D’où, elliptiquement, en tant que (cela sera) de besoin : dans la mesure où l’on en aura besoin. En tant que de raison : dans la mesure où cela sera raisonnable. Le langage administratif et juridique, plus conservateur que l’usage courant, a maintenu diverses tournures elliptiques du même genre (par exemple, délivré pour valoir ce que de droit).



L’état de droit

Bien que l’erreur soit fréquemment commise, état s’écrit sans majuscule dans l’expression état de droit, lorsque l’acception de ce mot est « situation » (comme dans état d’urgence ou état de siège...) et non « corps politique » (comme dans État souverain ou État démocratique...). Ainsi : Rousseau imagine le passage de l’état de nature à l’état de droit, mais : La République française est un État de droit.


Euro, cent

L’Académie française rappelle que le mot euro prend la marque du pluriel : on écrit un euro, des euros (Cf Journal officiel du 2 décembre 1997). La centième partie de l’euro doit se dire et s’écrire centime (Communiqué de presse du 13 décembre 2001).

La marque du pluriel n’étant pas la même selon que l’on utilise telle ou telle langue de l’Union européenne, c’est la forme euro qui figure sur les billets et sur les pièces. Elle peut être considérée comme un symbole et non comme l’indication de n unités monétaires. (Cf site de la Banque de France). Son abréviation est, selon la norme ISO, EUR.



Être pour aller

Être s’emploie parfois dans le sens du verbe aller :

dans l’usage littéraire au passé simple et au subjonctif imparfait ;
dans l’usage familier aux temps composés.
Cet emploi est attesté chez des contemporains tels que F. Mauriac, J. Green, M. Tournier. Il remonte aux origines de la langue ; on le rencontrait déjà en latin. Molière, Bossuet, Montesquieu en offrent des exemples, ainsi que Voltaire, qui pourtant le condamnait chez Corneille.

Évènement

L’Académie française, dans la neuvième édition de son Dictionnaire, écrit, en accord avec les recommandations du Conseil supérieur de la langue française de 1990, évènement. La graphie ancienne événement n’est cependant pas considérée comme fautive, encore que rien ne la justifie plus. Sa survivance s’explique par le fait que la régularisation de ce mot, ainsi que de quelques autres, d’abrègement à vènerie, avait été oubliée lors de la préparation tant de la septième édition (1878) que de la huitième (1935).

Parmi les mots rectifiés dans la septième édition conformément à l’évolution phonétique de la langue, on peut citer avènement ou collège. Première édition (1694) ; a(d)venement ; college ; deuxième édition (1718) : avenement, college ; de la troisième à la sixième (1740-1835) : avénement, collége ; depuis la septième : avènement, collège. Évènement aurait dû, de toute évidence, être traité comme avènement.


Fainéant

Si, de fait, les formes faignant ou feignant sont aujourd’hui « populaires », elles sont les premières attestées, et c’est fainéant qui a constitué une altération populaire, d’après fait (forme verbale de faire) et néant, de faignant, feignant, participe présent de feindre, au sens ancien de « se dérober (à la tâche), rester inactif ».



Féminisation (Déclaration de l’Académie française, 14 juin 1984)

L’Académie a appris par la presse l’existence d’une Commission de terminologie, créée à l’initiative du Gouvernement (décret du 29 Février 1984), « chargée d’étudier la féminisation des titres et des fonctions et, d’une manière générale, le vocabulaire concernant les activités des femmes ».

Le décret précise que « la féminisation des noms de professions et des titres vise à combler certaines lacunes de l’usage de la langue française ».

On peut craindre que, ainsi définie, la tâche assignée à cette commission ne procède d’un contresens sur la notion de genre grammatical, et qu’elle ne débouche sur des propositions contraires à l’esprit de la langue.

Il convient en effet de rappeler qu’en français comme dans les autres langues indo-européennes, aucun rapport d’équivalence n’existe entre le genre grammatical et le genre naturel.

Le français connaît deux genres, traditionnellement dénommés « masculin » et « féminin ». Ces vocables hérités de l’ancienne grammaire sont impropres. Le seul moyen satisfaisant de définir les genres du français eu égard à leur fonctionnement réel consiste à les distinguer en genres respectivement marqué et non marqué.

Le genre dit couramment « masculin »est le genre non marqué, qu’on peut appeler aussi extensif en ce sens qu’il a capacité à représenter à lui seul les éléments relevant de l’un et l’autre genre. Quand on dit « tous les hommes sont mortels », « cette ville compte 20 000 habitants », « tous les candidats ont été reçus à l’examen », etc..., le genre non marqué désigne indifféremment des hommes ou des femmes. Son emploi signifie que, dans le cas considéré, l’opposition des sexes n’est pas pertinente et qu’on peut donc les confondre.

En revanche, le genre dit couramment « féminin » est le genre marqué, ou intensif. Or, la marque est privative. Elle affecte le terme marqué d’une limitation dont l’autre seul est exempt. À la différence du genre non marqué, le genre marqué, appliqué aux être animés, institue entre les sexes une ségrégation.

Il en résulte que pour réformer le vocabulaire des métiers et mettre les hommes et les femmes sur un pied de complète égalité, on devrait recommander que, dans tous les cas non consacrés par l’usage, les termes du genre dit « féminin »- en français, genre discriminatoire au premier chef - soient évités ; et que, chaque fois que le choix reste ouvert, on préfère pour les dénominations professionnelles le genre non marqué.

Seul maître en la matière, l’usage ne s’y est d’ailleurs pas trompé. Quand on a maladroitement forgé des noms de métier au féminin, parce qu’on s’imaginait qu’ils manquaient, leur faible rendement (dû au fait que le cas non marqué contenait déjà dans ses emplois ceux du cas marqué) les a très vite empreints d’une nuance dépréciative : cheffesse, doctoresse, poétesse, etc. On peut s’attendre à ce que d’autres créations non moins artificielles subissent le même sort, et que le résultat aille directement à l’encontre du but visé.

Il convient enfin de rappeler qu’en français la marque du féminin ne sert qu’accessoirement à rendre la distinction entre mâle et femelle. La distribution des substantifs en deux genres institue, dans la totalité du lexique, un principe de classification, permettant éventuellement de distinguer des homonymes, de souligner des orthographes différentes, de classer des suffixes, d’indiquer des grandeurs relatives, des rapports de dérivation, et favorisant, par le jeu de l’accord des adjectifs, la variété des constructions nominales... Tous ces emplois du genre grammatical constituent un réseau complexe où la désignation contrastée des sexes ne joue qu’un rôle mineur. Des changements, faits de propos délibéré dans un secteur, peuvent avoir sur les autres des répercussions insoupçonnées. Ils risquent de mettre la confusion et le désordre dans un équilibre subtil né de l’usage, et qu’il paraîtrait mieux avisé de laisser à l’usage le soin de modifier.

Fini(es) les vacances !

Le participe fini placé en tête d’une phrase s’accorde le plus souvent (Finies, les vacances !). Mais de bons auteurs, voyant là une réduction de C’est fini, le laissent invariable. Cela peut donc s’admettre.
Dans les deux cas, fini est régulièrement suivi d’une virgule.

Gré (savoir)

L’expression par laquelle on exprime sa reconnaissance est savoir gré (à quelqu’un) de (ou, plus rarement, pour) quelque chose, non être gré. On écrit donc Je vous saurais gré, non je vous serais gré.

Le haricot ou l’haricot ?

Le h de haricot est « aspiré », c’est-à-dire qu’il interdit la liaison, impose que ce mot soit prononcé disjoint de celui qui le précède, au singulier comme au pluriel. On écrit et dit : le haricot, non l’haricot ; un beau haricot, non un bel haricot. Tous les dictionnaires indiquent par un signe conventionnel quels h (généralement d’origine germanique) sont aspirés et quels h (généralement d’origine gréco-latine) ne le sont pas. Pour certains mots, l’usage est indécis. Ce n’est pas le cas de haricot : la liaison est incontestablement une faute.

La rumeur selon laquelle il serait aujourd’hui d’usage et admis que l’on fasse cette liaison a été colportée par un journal largement diffusé dans les établissements scolaires, L’Actu (n°8 du jeudi 3 septembre 1998, p.7), qui n’a pas jugé bon de publier de rectificatif.
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MessageSujet: Re: Questions courantes [ très utiles]   Questions courantes [ très utiles] EmptyVen 25 Aoû 2006 - 21:13

Leur chapeau ou leurs chapeaux ?

L’usage des meilleurs auteurs hésite entre le singulier et le pluriel (pour le nom et pour le possessif) lorsqu’un nom désigne une réalité dont plusieurs « possesseurs » possèdent chacun un exemplaire : on considère tantôt l’exemplaire de chacun, tantôt l’ensemble des exemplaires. Ainsi : « Mes compagnons, ôtant leur chapeau goudronné [...] » (Chateaubriand) ; « Les deux lords [...] ôtèrent leurs chapeaux » (Hugo) ; « trois avaient déjà retrouvé leur femme » (Chamson) ; « deux de mes amis et leurs femmes » (Arland).

Malgré que

Malgré que s’emploie bien dans la langue soutenue, mais seulement avec le verbe avoir conjugué au subjonctif. Malgré que j’en aie, quelque mauvais gré, si mauvais gré que j’en aie ; en dépit de moi, de ma volonté : Je reconnais les mérites de mon rival, malgré que j’en aie. Malgré qu’il en ait, nous savons son secret. Elle ne put cacher son dépit, malgré qu’elle en eût.

En revanche, encore que de nombreux écrivains aient utilisé la locution conjonctive Malgré que dans le sens de Bien que, quoique, il est recommandé d’éviter cet emploi.

Mandature

Mandature est un néologisme incorrect et totalement inutile, né de l’intime conviction de certains que plus un mot est long, et plus il confère d’importance à la chose qu’il désigne. On a toujours dit mandat pour nommer non seulement la fonction, la charge publique conférée par élection, mais aussi la durée d’exercice de cette charge : Durant son mandat, et non : Durant sa mandature.

Mastaire (Résolution de l’Académie française, 28 mars 2002)

L’Académie française a été informée par les commissions de terminologie de l’existence d’un projet de décret préparé par le Ministère de l’Éducation nationale dont le seul objet serait de remplacer le terme mastaire, officialisé comme diplôme de l’enseignement supérieur par un décret du 30 août 1999, par celui de master.

Dans la mesure où ce projet consisterait en une simple modification de l’orthographe d’un nom de diplôme, l’Académie française doute qu’il soit de la compétence d’un décret d’y procéder.

Dans la mesure où il s’agit de remplacer un terme français par un terme anglais, ce décret serait en outre contraire à l’article 2 de la Constitution, à la loi du 4 août 1994 relative à l’emploi de la langue française et au décret du 3 juillet 1996 relatif à l’enrichissement de la langue française. La violation de ces textes solennels serait d’autant plus critiquable que l’État, qui dispose du monopole de la collation des grades, imposerait un anglicisme à l’usage général, y compris dans les enseignements professionnel et privé.

Mais les réserves exprimées dans la presse à propos de ce texte, émanant des centres hospitaliers et universitaires, des grandes écoles d’ingénieurs et des chambres de commerce et d’industrie, montrent qu’il faut aller au-delà des apparences.

Le grade de mastaire sanctionnant cinq années d’études supérieures après le baccalauréat a été créé en France en 1999 pour préparer une harmonisation des études et des diplômes au sein de l’Union européenne et préfigurer un " espace européen de l’enseignement supérieur ". Le choix du terme mastaire désignant d’abord un grade, puis un diplôme, s’expliquerait par le souci de disposer d’un mot nouveau, d’usage général, susceptible de se substituer à terme aux DEA, DESS et diplôme d’ingénieur.

Ce serait afin de faciliter la reconnaissance de ce niveau d’études dans le cadre européen et anglo-saxon qu’aurait été décidé le remplacement du terme initialement retenu par le terme anglais de master. Aucune de ces considérations ne saurait être retenue par l’Académie française.

Le terme mastaire est un néologisme dont la morphologie n’est nullement justifiée et dont la création n’est pas nécessaire. Son usage ne s’est pas répandu. Il est l’homonyme de mastère, existant par ailleurs. Il faut l’abandonner.

Le terme master est un pur emprunt à l’anglais, d’ailleurs dénaturé. Désignant en anglais des diplômes très divers, il ne s’emploie pas seul, mais toujours complété par la précision de la discipline : master of Arts, par exemple. Prétendre que cet emprunt faciliterait la reconnaissance du diplôme au sein de l’Union européenne méconnaît totalement la diversité linguistique de l’Union. Il ne faut pas l’introduire dans le vocabulaire français et tenter de forcer ainsi la main à nos partenaires non anglophones.

L’Académie française ne se prononcera pas sur le bien-fondé d’une réforme tendant à ce que tous les diplômes terminaux, et les grades, obtenus après cinq années d’études supérieures après le baccalauréat reçoivent la même dénomination. Mais si tel est l’objectif retenu, le vocabulaire français dispose de plusieurs mots pouvant répondre à ce souci de généralité, de cohérence et de clarté, parmi lesquels : diplôme, maîtrise, magistère.

Il serait vain de dénaturer maladroitement le vocabulaire pour précipiter une réforme d’envergure et de longue haleine. Au contraire, celle-ci entrera d’autant plus aisément en application que le vocabulaire qui l’exprime sera simple, naturel et judicieusement choisi.
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MessageSujet: Re: Questions courantes [ très utiles]   Questions courantes [ très utiles] EmptyVen 25 Aoû 2006 - 21:15

Millénaire (début du troisième)

Vous vous préoccupez de savoir si le XXIe siècle commence le 1er janvier 2000 ou le 1er janvier 2001. Dans sa 8e édition, le Dictionnaire de l’Académie française écrit : « (Siècle) se dit particulièrement d’une période de cent ans, comptée à partir d’une ère donnée, spécialement de l’ère chrétienne » et donne l’exemple suivant, qui répond à votre question : « Le siècle actuel a commencé le premier jour de l’année 1901 et finira le dernier jour de l’année 2000 ».

Un millénaire est une durée de mille ans ou dix siècles. Un millénaire, comme un siècle, ne peut être complet qu’à l’achèvement de sa dernière année. L’ère chrétienne commence, selon la définition actuelle, au 1er janvier de l’an un et non d’un an zéro qui n’a jamais existé dans la chronologie. De même que le XXIe siècle, le troisième millénaire commencera donc le 1er janvier 2001.

Toutes les autorités s’accordent sur ce point, du Bureau des longitudes, chargé de l’établissement des éphémérides, aux normes nationale AFNOR et internationale ISO.

Nom collectif suivi d’un complément au pluriel (accord du verbe)

Ce problème d’accord se présente dans de nombreux cas où le sujet est formé d’un nom et de ce qu’on peut appeler, suivant la terminologie du Bon Usage de Maurice Grevisse, un « pseudo-complément » : l’accord se fait soit avec le nom, soit avec son « pseudo-complément », selon que celui-ci ou celui-là frappe le plus l’esprit, et que l’on considère les êtres ou les objets dont il s’agit ou bien comme formant essentiellement un ensemble, ou bien en détail, dans leur pluralité. Ainsi : Une foule de malades accourait (c’est une foule qui accourt) mais : Une foule de gens diront qu’il n’en est rien (chacun d’eux dira…). Dans ce dernier cas, la subordination logique l’emportant sur la subordination grammaticale, on parlera d’accord par syllepse. Cet accord par syllepse est parfois obligatoire : après nombre, la plupart, quantité, l’accord se fait avec le « pseudo-complément ». Dans le cas d’ensemble, on écrira aussi bien : l’ensemble des intéressés a ou ont protesté.

L’accord dépend du sens des mots, mais aussi de l’intention de l’auteur. On trouvera donc : Un grand nombre de soldats fut tué dans ce combat (Littré) et Un grand nombre de soldats périrent dans ce combat (Académie).

En particulier dans le cas d’un nom numéral au singulier suivi d’un complément au pluriel, l’accord peut se faire avec ce complément ou avec le terme quantitatif quand la personne qui écrit arrête son attention sur celui-ci plutôt que sur son complément. L’Académie admet les deux possibilités : Une quinzaine de francs suffira ou suffiront pour sa dépense.



Nombre de mots de la langue française

La définition même de « mot » fait difficulté, ce qui vide de sens la question de la « richesse » relative du vocabulaire des diverses langues : les langues dites « agglutinantes », par exemple, peuvent créer une infinité de « mots » dont chacun équivaudrait pour nous à une phrase entière. Est-ce que j’utilise plus de « mots » si je dis melting pot ou rayon de soleil que si je dis creuset ou sunray ?

Si l’on parle de la langue française (ou anglaise), de quoi s’agit-il ? Prend-on en considération tous les domaines, toutes les époques, tous les niveaux de langue ? Il est impossible de fournir un dénombrement de l’ensemble des formes qu’offre une langue : certaines (comme dans le cas de tous les verbes que l’on peut composer avec le préfixe re-) n’ont qu’une existence virtuelle ; chaque jour, d’autres se créent ou disparaissent de l’usage. Le vocabulaire spécialisé des sciences est en constant développement : le Dictionnaire de la chimie de Duval, loin d’être exhaustif puisqu’on distingue plus de 100 000 matières colorantes, comptait déjà 26 400 entrées en 1935, mais plus de 70 000 en 1977 !

Tout ce que l’on peut dénombrer, ce sont les «entrées» constituant les nomenclatures des divers dictionnaires, les formes qu’ils enregistrent, choisies par les éditeurs selon l’idée qu’ils se font des besoins de l’utilisateur et selon des principes qui leur sont propres : une entrée générale pour une même forme ou une par sens, syntagmes composés en plus des formes simples, etc.

Fondés sur des enquêtes de fréquence, le «français fondamental» et le «français élémentaire» comptent respectivement un peu plus de 1 000 à 3 000 entrées. Les dictionnaires scolaires destinés aux élèves de 8 à 14 ans en comptent de 2 000 à 20 000, le Trésor de la langue française environ 100 000 (non compris les dérivés intégrés aux articles), les grands dictionnaires encyclopédiques environ 200 000 (y compris les noms propres).

Quant aux dictionnaires de la langue courante, qui recensent grosso modo le vocabulaire nécessaire à la conversation, à la lecture de la presse générale d’information et à celle des textes littéraires du XVIe siècle à nos jours, en y ajoutant un pourcentage variable des termes spéciaux, de formes rares, archaïques, régionales ou dialectales, ainsi que d’emprunts aux divers pays francophones ou aux langues étrangères, ils comportent environ 60 000 entrées, en français comme en anglais ou en chinois.



Nombres inférieurs à 2 : accord

Un nom précédé d’une indication chiffrée inférieure à 2 (avec virgule) reste au singulier. On écrit donc : 1,5 milliard ; 1,9 milliard, ce qui, d’ailleurs, se lira plutôt : un milliard et demi et un milliard neuf cents millions ou un milliard virgule neuf.



Noms de localités commençant par Le ou Les

Quand un nom de ville commence par l’article défini masculin ou pluriel, cet article se contracte avec la préposition à ou de : Aller du Havre au Touquet et non de Le Havre à Le Touquet ; être né aux Lilas ; revenir des Deux-Alpes ; la plage des Issambres, la poste des Rousses, la mairie des Sables-d’Olonne.



On (accord)

Le pronom indéfini on, qui désigne un sujet dont on ignore le sexe ou le nombre, exige, en principe, un attribut ou un participe au genre non marqué, c’est-à-dire au masculin, et au singulier.

On écrira bien, en effet : On est parvenu à réduire le débit du fleuve ; on est fatigué de ce combat ; on n’est pas sûr du résultat.

Il arrive pourtant que on ne désigne pas les hommes en général, des personnes indéterminées, mais telle ou telle personne : dans ce cas, l’accord se fait tout naturellement en genre et parfois même en nombre.

C’est le sens qui commande, et le goût. On s’était fâchés ; on s’est séparés à regrets ; on est allés ensemble jusqu’au bout du chemin... ne sont donc pas des tournures fautives.

Littré relevait déjà chez Corneille, Molière, Racine, La Bruyère, Marivaux, Rousseau... de nombreux exemples de cet accord selon le sens, qui caractérise la syllepse, et se retrouve d’ailleurs dans d’autres tournures telles que La plupart comprennent ; bon nombre sont venus ; quantité ont disparu, etc.



Origine du français

La langue française est une langue indo-européenne, comme l’allemand et l’anglais ou le russe. Mais c’est une langue romane, issue du latin, comme l’italien, l’espagnol, etc., tandis que l’allemand et l’anglais appartiennent au groupe des langues germaniques (plus précisément, au germanique occidental), bien que l’anglais doive une bonne part de son vocabulaire au français.

Le serment de Strasbourg (842) marque la fin des luttes entre les petits-fils de Charlemagne. Après avoir vaincu Lothaire, Charles le Chauve et Louis le Germanique se rencontrent à Strasbourg afin de confirmer leur alliance, devant leurs troupes, par ce serment. Charles et les soldats de Louis le prononcent en langue tudesque (qui est déjà de l’allemand) ; Louis et les soldats de Charles le prononcent en langue romane (qui est déjà du français). Les formules de ce serment, consignées par l’historien Nithard, constituent donc les plus anciens textes qui nous soient parvenus en langue française et en langue allemande.



Ostensible

La différence entre Ostensible et Ostentatoire ressort clairement des définitions de la huitième édition du Dictionnaire de l’Académie française :

OSTENSIBLE adj. des deux genres. Qui peut être montré, qui est fait pour être montré. Lettre ostensible. Réponse ostensible. Il signifie aussi Qui est visible, apparent. Porter un insigne d’une manière ostensible.

OSTENTATION n. f. Affectation de montrer quelque qualité ou quelque avantage dont on veut faire parade. Vaine ostentation. À quoi bon toute cette ostentation? Il y a de l’ostentation dans tout ce qu’il fait. Faire ostentation de ses richesses, de sa fortune. Les pharisiens faisaient leurs bonnes œuvres par ostentation. Sa générosité n’est que de l’ostentation.

OSTENTATOIRE. adj. des deux genres. Qui marque de l’ostentation. Il se dit aussi des Choses. Manières ostentatoires. Démarche ostentatoire.



Par contre

Condamnée par Littré d’après une remarque de Voltaire, la locution adverbiale Par contre a été utilisée par d’excellents auteurs français, de Stendhal à Montherlant, en passant par Anatole France, Henri de Régnier, André Gide, Marcel Proust, Jean Giraudoux, Georges Duhamel, Georges Bernanos, Paul Morand, Antoine de Saint-Exupéry, etc.

Elle ne peut donc être considérée comme fautive, mais l’usage s’est établi de la déconseiller, chaque fois que l’emploi d’un autre adverbe est possible.

Ce n’est pas toujours le cas. Gide remarquait à ce propos : Trouveriez-vous décent qu’une femme vous dise : « Oui, mon frère et mon mari sont revenus saufs de la guerre ; en revanche j’y ai perdu mes deux fils ? ».
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MessageSujet: Re: Questions courantes [ très utiles]   Questions courantes [ très utiles] EmptyVen 25 Aoû 2006 - 21:16

Par moments, mais trois fois par jour

Par est suivi du singulier quand il indique vraiment une répartition, une distribution, c’est-à-dire quand on considère chacun à part tous les éléments d’un ensemble. Prendre un médicament trois fois par jour, chaque jour. Une production de n tonnes par hectare, pour chaque hectare. Payer tant par personne. Avoir une filiale par secteur de marché, etc. Le pluriel sera préférable et plus courant, en revanche, si l’on considère non plus chaque élément, mais certains d’entre eux : Par endroits, par places, la neige a fondu, à certains endroits. Par moments, on ne comprend plus, à certains moments.



Participe passé (accord)

Si vous avez un doute, commencez par réfléchir sur la base de ces exemples et de ce principe :

Exemples :
Il a lavé sa chemise.
Il a lavé ses vêtements.
La chemise qu'il a lavée.
Les vêtements qu'il a lavés.
Elle s'est lavée.
Elle s'est lavé les cheveux.
Ses cheveux, quand elle se les est lavés...

Principe :
Le participe passé prend le genre et le nombre de la « personne » ou de la « chose » lavée, si celle-ci le précède.

Si vous avez besoin d’une révision générale sur l’accord du participe passé, que ce soit pour vous l’occasion de découvrir Orthonet, où cette question est traitée de façon remarquablement claire et précise.



Pis ou pire ?

On ne saurait considérer la tournure il y a pire comme fautive, elle est simplement moins littéraire que il y a pis. En effet, on constate que dans la plupart des emplois, pis, comparatif de supériorité de mal, est supplanté dans l’usage par pire, comparatif de supériorité de l’adjectif mauvais, ou par plus mal :

Comme adverbe : De mal en pire, de pire en pire, généralement condamnés, se rencontrent cependant chez de bons auteurs, à commencer par Nerval ;
Comme adjectif : C’est pire, ce sera pire, bien pire, etc., sont employés par Barbey d’Aurevilly, Taine, Gide, Cocteau, Mauriac, Montherlant, le général de Gaulle, et le Dictionnaire de l’Académie, dans sa huitième édition (1935), à l’article Pis, indique : « Il s’emploie encore substantivement et signifie Ce qu’il y a de pire ». Comme attribut d’un nom, pis a d’ailleurs toujours été rare ;
Comme nom ou, sans article, faisant fonction de nom (quelque chose de pis) : Le pire est que ; en mettant les choses au pire ; faire pire, redouter bien pire, etc., se trouvent chez Péguy, Martin du Gard, Malraux, Mauriac, le général de Gaulle…


Plein (battre son)

Si l’expression battre son plein a naguère encore suscité quelques controverses, tous les spécialistes s’accordent aujourd’hui à donner raison à Littré. Dans cette expression empruntée à la langue des marins, son est bien un adjectif possessif et plein un substantif, les meilleurs auteurs se rangent à ce point de vue. Le plein, c’est la pleine mer, et l’on dit que la marée bat son plein lorsque, ayant atteint sa plénitude, elle demeure un temps stationnaire. On dit donc bien les fêtes battent leur plein.



Plusieurs, est-ce plus de deux ?

Plusieurs signifie « un certain nombre, un nombre indéfini supérieur à un et le plus souvent à deux » (Dictionnaire de l’Académie française, 8e édition). Le contexte l’oppose parfois explicitement soit à un, soit à deux : Sur un ou plusieurs registres (Code civil, art.40) ; avoir pour objet deux ou plusieurs choses alternatives (Code civil, art.1584).



Pronominaux (Verbes, accord du participe passé)

Quant à l’accord du participe passé des verbes pronominaux, on peut distinguer deux cas. Si le verbe pronominal est de sens passif (la partie s’est jouée en trois manches équivaut à a été jouée…) ou s’il s’agit d’un verbe essentiellement pronominal (s’absenter, s’abstenir, s’écrier, se souvenir, se repentir, etc., sont des verbes qui n’existent que sous la forme pronominale), l’accord se fait en genre et en nombre avec le sujet. On écrira : La propriété s’est vendue à bas prix (= a été vendue), ils se sont souvenus, ils se sont repentis.

Si le verbe pronominal est un verbe de sens réfléchi ou réciproque, l’accord se fera avec ce qui serait le complément d’objet direct du verbe s’il était conjugué avec l’auxiliaire avoir. On écrira donc : elles se sont lavées, ils se sont battus (avec avoir, le complément d’objet direct serait le mot représenté par le pronom réfléchi se), mais elles se sont lavé les mains (avec avoir, le complément d’objet direct serait mains, placé après le participe passé ; ce dernier reste donc invariable), elles se sont parlé (parler n’introduit pas un complément d’objet direct mais un complément d’objet indirect, on n’accorde donc pas le participe passé). Se rire de, se plaire (déplaire, complaire) à restent invariables.
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MessageSujet: Re: Questions courantes [ très utiles]   Questions courantes [ très utiles] EmptyVen 25 Aoû 2006 - 21:17

Rectifications orthographiques (1990), état de la question

Un ensemble de rectifications orthographiques ont été recommandées par le Conseil supérieur de la langue française et publiées en décembre 1990 dans les « Documents » du Journal officiel.

Dans sa séance du 17 janvier 1991, L’Académie française a adopté la déclaration suivante :

L’Académie française rappelle que le document officiel, souvent improprement appelé « réforme », document qu’elle a, après examen de sa commission du dictionnaire, approuvé à l’unanimité dans sa séance du 3 mai 1990, ne contient aucune disposition de caractère obligatoire. L’orthographe actuelle reste d’usage, et les « recommandations » du Conseil supérieur de la langue française ne portent que sur des mots qui pourront être écrits de manière différente sans constituer des incorrections ni être considérés comme des fautes. Elle estime qu’il y a avantage à ce que lesdites recommandations ne soient pas mises en application par voie impérative et notamment par circulaire ministérielle. Selon une procédure qu’elle a souvent mise en oeuvre, elle souhaite que ces simplifications et unifications soient soumises à l’épreuve du temps, et elle se propose de juger, après une période d’observation, des graphies et emplois que l’usage aura retenus. Elle se réserve de confirmer ou d’infirmer alors les recommandations proposées.

En 1992 a paru le premier tome de la neuvième édition du Dictionnaire de l’Académie française (de A à Enzyme). La Préface, qui figurait déjà dans le fascicule de 1986, est suivie d’un Avertissement dans lequel Monsieur Maurice Druon, Secrétaire perpétuel écrit :

[...] nous n’avons inscrit à titre définitif que les modifications qui visaient principalement à harmoniser l’accentuation de certains mots, tels allègement, allègrement, etc., avec leur prononciation habituelle. Procédant aux rectifications de cet ordre nous avons indiqué, chaque fois que l’usage nous paraissait hésitant, l’existence ou la possibilité de deux graphies (évènement ou événement).

L’Académie signale par un losange et répertorie, dans ce volume ainsi que dans les fascicules publiés depuis, les orthographes modifiées qu’elle n’introduit pas en entrée.

Tout le contenu des « recommandations » est donc intégré à cette neuvième édition, sous deux formes : le remplacement de é par è dans un certains nombres d’articles est adopté définitivement (ainsi par exemple que les nouvelles graphies de chausse-trappe et imbécilité); les autres modifications restent « soumises à l’épreuve du temps ».

L’usage ne tranche que peu à peu. La lecture de la presse montre une fréquence variable selon les titres, mais élevée, de formes comme évènement, cèdera ou révolver. D’autres modifications apparaissent çà et là, mais moins systématiquement.

Les dictionnaires courants, qui ont une édition annuelle, semblent considérer que la circonspection s’impose, même quand leurs éditeurs étaient représentés au Conseil supérieur de la langue française et en ont approuvé les travaux. Aucun, en tout cas, ne reprend intégralement les recommandations de 1990, même en variantes; aucun ne signale à ses lecteurs toutes les formes nouvelles autorisées; mais aucun non plus n’ignore complètement les rectifications et ne s’en tient strictement à la norme du Dictionnaire de l’Académie française (huitième édition) de 1935.

D’une maison à l’autre, d’une année à l’autre, la pratique varie, et elle n’est pas toujours cohérente. On enregistre partout, au moins en variantes, évènement, allègement, crèmerie, etc. ; mais certains, pour règlementaire, attendent que l’Académie arrive à la fin de l’alphabet. On accepte chausse-trappe, mais pas toujours déciller. Personne ne va jusqu’à imprimer assoir. Le Petit Robert use d’une formule ambiguë : « on écrirait mieux charriot » (id. pour bonhommie, combattif, imbécilité, vènerie, les participes absout, dissout, etc.). Les recommandations concernant le tréma et le circonflexe sont largement ignorées. La grammaire des composés est inégalement modernisée : brise-glace, brise-jet, brûle-gueule, brûle-parfum, casse-pipe, cure-ongles, etc. ne perdent pas partout ou pas tous leur invariabilité. La francisation des emprunts (allégro, condottière), les soudures de composés (apriori, arcbouter) sont peu suivies. Dans les tableaux de conjugaisons, une note discrète signale en général les formes nouvelles de céder.

Nous sommes donc encore en période d’observation quant à une grande partie de ces « rectifications ».



Résidant ou résident ?

On s’accorde à écrire : Les membres résidants et les membres correspondants d’une académie, et : Les résidents français au Canada, en Australie. Mais force est de constater que dans bien d’autres cas, et chez les meilleurs auteurs, l’unanimité est encore loin de régner. C’est que l’usage est seulement en train de se fixer. L’Académie y contribue.

Dans la huitième édition de son Dictionnaire, publié en 1935, elle faisait de Résidant un adjectif ; mais elle ajoutait : « On écrit aussi Résident ». Elle faisait de Résident un nom ; mais elle ajoutait : « Il s’emploie aussi adjectivement ».

En 1994, la Commission du Dictionnaire, interrogée sur ce point, a constaté que, comme il était souhaitable, la graphie résident l’emportant décidément, dans l’usage, pour le nom, tout flottement pouvait être éliminé : résidant est adjectif, résident est nom. Et aux acceptions anciennes du nom, elle a ajouté celle-ci : « Personne qui habite une résidence, qui vit habituellement dans une résidence ou y est hébergée », avec ces exemples : « Les résidents d’un foyer, d’une maison de retraite. Les résidents de la Cité universitaire de Paris ».

Dans les expressions médecin résident ou pharmacien résident (celle-ci d’ailleurs, se rencontrant souvent avec le trait d’union), résident doit s’interpréter comme un nom en apposition, et non pas comme un adjectif, au même titre que dans ministre résident : on a toujours dit indifféremment le ministre résident ou le résident.



Sabler ou sabrer le champagne ?

Le verbe sabler signifiait entre autres, au XVIIe siècle, « couler dans un moule fait de sable ». C’est probablement par allusion à la matière en fusion versée dans le moule que sabler a pu prendre le sens de « boire d’un trait » (1615).

Le Dictionnaire de l’Académie française (8e édition, 1935) indique, à l’article Sabler : « Boire tout d’un trait, fort vite. Sabler un verre de vin. Sabler le champagne ».

Puis sabler le champagne s’est employé pour signifier, par extension, « célébrer un évènement en buvant du champagne ».

Sabrer une bouteille de champagne ou sabrer le champagne, absent du Dictionnaire de l’Académie française (8e édition), est toutefois attesté dans certains dictionnaires récents au sens de : « ouvrir une bouteille de champagne en tranchant le goulot d’un coup de sabre ». L’expression et l’action elle-même, opération dangereuse qu’il est sans doute judicieux de laisser à qui sait manier un sabre, semblent d’apparition récente : probablement au début de notre siècle.

Il résulte de ces indications que les expressions Sabler le champagne et Sabrer le champagne ne peuvent être considérées comme équivalentes ; leurs sens sont même très différents.



Sans chapeau, sans chaussures

Sans peut, selon le sens, être suivi du singulier ou du pluriel. On écrira toujours au singulier les noms dits abstraits : Être sans pitié. Cela se comprend sans peine. Un orateur est sans passion quand il n’est pas animé par la passion. Cet homme est sans passions s’il ignore les passions. On opposera un couteau sans manche, qui devrait en avoir un, mais un seul, à un gilet sans manches, qui en aurait deux, s’il en avait. Il est sorti sans chapeau ni chaussures. Dans de nombreux cas, cependant, la nuance de sens est si mince que l’on trouvera aussi bien le singulier que le pluriel : C’est un acteur sans défaut ou sans défauts (Littré). De même : Cet homme est mort sans enfant, sans héritier, ou sans enfants, sans héritiers. Pourtant, dès lors que ce dont on parle peut suggérer l’idée de pluralité, c’est le pluriel qui est le plus fréquent. On écrira : Un devoir sans fautes, en jugeant qu’un tel devoir aurait d’ordinaire comporté plusieurs fautes (qu’une faute ne vient jamais seule), plutôt qu’un devoir sans faute, sauf si l’on veut insister sur le caractère exceptionnel de la chose, comme on dirait : sans aucune faute, sans la moindre faute.



Septante, octante, nonante

Vous vous interrogez sur une des bizarreries les plus célèbres de la langue française. Pourquoi en effet dire soixante-dix, quatre-vingts, quatre-vingt-dix, alors que les formes septante, octante, nonante, en accord tout à la fois avec le latin et le système décimal, sont plus ou moins largement usitées dans divers pays francophones ?

Notre vocabulaire porte ici la trace d’un usage très ancien et aujourd’hui disparu : au Moyen Âge, on avait coutume en France de compter de vingt en vingt. Aussi trouvait-on les formes vint et dis (30), deux vins (40), trois vins (60), etc. Saint Louis fonda, par exemple, l’hospice des Quinze-vingts (des 300 aveugles). Ce système, dit « vicésimal », était utilisé par les Celtes et par les Normands, et il est possible que l’un ou l’autre de ces peuples l’ait introduit en Gaule.

Dès la fin du Moyen Âge, les formes concurrentes trente, quarante, cinquante, soixante se répandent victorieusement. Pourquoi l’usage s’arrête-t-il en si bon chemin ? Aucune explication n’est vraiment convaincante. Peut-être a-t-on éprouvé le besoin de conserver la marque d’un « calcul mental » mieux adapté aux grands nombres (70=60+10, 80=4x20, 90=80+10). Reste la part du hasard et de l’arbitraire, avec laquelle tout historien de la langue sait bien qu’il lui faut composer...

C’est au XVIIe siècle, sous l’influence de Vaugelas et de Ménage, que l’Académie et les autres auteurs de dictionnaires ont adopté définitivement les formes soixante-dix, quatre-vingts, quatre-vingt-dix au lieu de septante, octante, nonante. Il est à noter pourtant que les mots septante, octante, nonante figurent dans toutes les éditions du Dictionnaire de l’Académie française. Encore conseillés par les Instructions officielles de 1945 pour faciliter l’apprentissage du calcul, ils restent connus dans l’usage parlé de nombreuses régions de l’Est et du Midi de la France, ainsi qu’en Acadie. Ils sont officiels en Belgique et en Suisse (sauf, cependant, octante, qui a été supplanté par quatre-vingts et huitante - en Suisse - tant dans l’usage courant que dans l’enseignement ou les textes administratifs). Rien n’interdit de les employer, mais par rapport à l’usage courant en France, ils sont perçus comme régionaux ou vieillis.
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MessageSujet: Re: Questions courantes [ très utiles]   Questions courantes [ très utiles] EmptyVen 25 Aoû 2006 - 21:18

Sot !

Devinette : Un sot sur un cheval tient de la main gauche un seau. Dans sa main droite, il porte le sceau du roi. Le cheval fait un saut et les trois... (?) tombent à terre. Comment écrit-on "les trois s... ?"
On s'étonne qu'il soit encore possible de perdre son temps à des billevesées aussi éculées.
Par définition, il est impossible d’orthographier (de la même façon) des homonymes non homographes. Toute astuce est possible qui prête un semblant de sens à ce jeu de mots si l’on tente de lui donner une forme écrite. On peut recourir à la transcription phonétique [so], mais évidemment, ce ne sont pas des sons qui sont censés tomber.

Temps surcomposés

Les temps dits surcomposés servent à marquer des faits antérieurs et accomplis par rapport à des faits qui, eux-mêmes antérieurs par rapport à d’autres faits, s’exprimeraient par les temps composés correspondants. À la voix active, on forme l’indicatif passé surcomposé en ajoutant le présent de l’auxiliaire avoir au participe passé de l’auxiliaire avoir ou de l’auxiliaire être (selon les verbes) du passé composé : elle a fait cela donne quand elle a eu fait cela ; ils ont fait cela donne quand ils ont eu fait cela ; elle est partie donne quand elle a été partie, ils sont partis donne quand ils ont été partis.

À l’indicatif plus-que-parfait surcomposé (marquant l’antériorité par rapport au plus-que-parfait, ce temps est d’emploi assez rare), on ajoute dans les mêmes conditions l’imparfait de l’auxiliaire avoir : quand elle avait eu fait cela, quand ils avaient eu fait cela ; quand elle avait été partie, quand ils avaient été partis.

Le futur antérieur surcomposé (antériorité par rapport au futur antérieur ; d’emploi assez rare) se forme avec l’auxiliaire avoir au futur : quand elle aura eu fait cela ; quand elle aura été partie.

Le passé antérieur surcomposé (antériorité par rapport au passé antérieur ; très rare) se forme avec avoir au passé simple : quand elle eut eu fait cela ; quand elle eut été partie.

Tout aussi rares sont les autres temps : conditionnel passé surcomposé (quand elle aurait eu fait cela ; quand elle aurait été partie) ; subjonctif passé surcomposé (avant qu’elle ait eu fait cela ; avant qu’elle ait été partie) ; subjonctif plus-que-parfait surcomposé à valeur de conditionnel (si elle eût eu fait cela ; si elle eût été partie) ; participe passé surcomposé (ayant eu fait cela ; ayant été partie) ; infinitif passé surcomposé (après avoir eu fait cela ; après avoir été partie).

La voix passive se forme selon les mêmes procédés à partir des passifs correspondants : quand cela a été fait (passé composé passif) donne quand cela a eu été fait (passé surcomposé passif).

Les formes surcomposées sont inusitées pour les verbes pronominaux.

Bien qu’ils appartiennent principalement au langage parlé, les temps surcomposés se rencontrent chez les meilleurs auteurs, de Balzac à Mauriac en passant par Stendhal, Hugo, Renan ou Proust.

C’est surtout dans le Midi que l’on emploie le passé surcomposé au lieu du passé composé pour insister sur le caractère révolu et lointain des faits évoqués : « Je l’ai eu su » (sous-entendu : il y a bien longtemps, et j’en ai tout oublié). Chez l’humoriste : « Ça a eu payé » (et non, comme on le voit parfois écrit, « ça eut ou eût payé »). On considère généralement cet emploi comme dialectal.

L’éminente linguiste Henriette Walter signale enfin un malaise assez répandu vis-à-vis de ces temps et remarque à propos du passé surcomposé :

Posez donc la question autour de vous et vous constaterez que beaucoup de personnes cultivées l’emploient en toute bonne conscience, aussi bien à l’oral qu’à l’écrit, en étant intimement persuadées que c’est la seule forme correcte. Mais d’autres personnes, tout aussi cultivées, et avec le même sentiment de détenir la vérité, refusent de l’employer, en affirmant avec la même vigueur que ce sont là des formes incorrectes et absolument non conformes à la norme. D’autres encore, dont je suis, tout en les jugeant tout à fait utiles, ne peuvent se résoudre à les utiliser.



Tout étonnée, mais toute surprise

La variabilité de Tout, adverbe, devant un mot féminin commençant par une consonne, constitue une singularité bien révélatrice de la résistance de l’usage, produit d’une histoire, à une « logique » grammaticale qui ne souffrirait pas d’exceptions.

Dans l’ancienne langue, qui traitait les mots selon leur nature, Tout employé adverbialement, mais considéré dans sa « nature » d’adjectif indéfini, s’accordait ordinairement avec l’adjectif qu’il modifiait.

À l’époque classique, cet ancien usage survit, mais se voit concurrencé par une tendance à l’invariabilité que les grammairiens s’efforcent de généraliser — non sans difficultés ni contradictions.

Dans la première édition du Dictionnaire de l’Académie française (1694), il était dit : « En ce sens, Tout se décline lorsque l’adjectif qui le suit est féminin […] Quelques-uns cependant ne déclinent point Tout devant les adjectifs féminins qui commencent par une voyelle. » Le sentiment de l’Académie paraît donc être, à la fin du XVIIe siècle, que l’usage dominant oppose le masculin invariable tout, prononcé [tut] devant la voyelle et [tu] devant la consonne, au féminin variable toute-toutes, prononcé [tut] dans tous les cas — ce qui revient à dire que le e du féminin se fait entendre. Le problème devient alors : faut-il noter graphiquement cette marque du féminin ? Et, si oui, peut-on noter une variation de genre sans noter la variation de nombre ?

Dans les commentaires joints aux Remarques de Vaugelas publiées par elle en 1704, l’Académie établit la règle actuelle : « Il faut dire et écrire elles furent tout étonnées […] quoiqu’on demeure d’accord qu’il faut mettre toute et toutes devant les adjectifs qui commencent par une consonne : « Cette femme est toute belle, ces étoffes sont toutes sales ».

Cette position est confirmée dans la deuxième édition (1718) et reprise ensuite par toutes les grammaires et tous les dictionnaires. Elle représente un sage compromis entre la « bizarrerie » de l’usage et la « logique » grammaticale puisque :

Elle pose l’invariabilité en règle ; la forme tout est étendue au féminin devant voyelle car la prononciation [tut] allant de soi, il n’est pas nécessaire de l’indiquer par -e ;
Elle juge cependant nécessaire de conserver la marque graphique de la prononciation d’usage [tut] devant consonne ;
Le féminin étant noté graphiquement, elle décide logiquement de noter aussi le pluriel éventuel.
Ce compromis était sans doute assez judicieux, puisqu’il a survécu au temps, et permet de prendre en compte la survivance effective d’un usage fort ancien dans la langue parlée d’aujourd’hui. Tout au plus peut-on noter, curieusement, et chez de bons auteurs, la marque du féminin devant voyelle : Elle en est toute étonnée, mais au singulier seulement, car on sent bien qu’au pluriel, la liaison ferait comprendre Elles en sont toutes étonnées comme Toutes en sont étonnées.
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MessageSujet: Re: Questions courantes [ très utiles]   Questions courantes [ très utiles] EmptyVen 25 Aoû 2006 - 21:21

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Contenu: un résumé bien clair et suffisant sur les points peu ou prou ardus de la langue française.

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