Bourses : le meilleur moyen de promouvoir le français
Offrir une chance aux étudiants d’aller poursuivre leur cursus universitaire dans un pays de la Francophonie représente certainement l’un des meilleurs moyens de faire vivre le français. L’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), l’un des opérateurs des sommets, qui regroupe plus de 600 établissements universitaires dans le monde, a donc mis en œuvre des programmes de bourses de mobilité pour aider les étudiants à franchir les frontières de leur pays et du savoir. En Europe centrale et orientale, elle en distribue environ 300 chaque année à partir de son bureau situé à Bucarest.
Ils s’appellent Fabiola, Loredana, Valentin, Tiberiu et Damiana. Ils sont Roumains et ont entre 25 et 31 ans. Tous les cinq ont sollicité et reçu une bourse de mobilité de l’Agence universitaire de la Francophonie. Quatre d’entre eux parlaient français et avaient déjà choisi des cursus universitaires où l’enseignement était dispensé dans cette langue : sciences politiques pour Fabiola et Damiana, génie civile pour Valentin et Tiberiu. La cinquième, en revanche, ne parlait pas un mot de français avant d’obtenir sa bourse.
Loredana qui poursuit des études de chimie était à la recherche d’un moyen d’accéder à des laboratoires spécialisés dans le domaine qui l’intéresse «la chimie physique». Elle concède n’avoir eu aucune démarche liée à un intérêt pour la francophonie. Elle a posé sa candidature auprès de l’AUF tout simplement parce que cela pouvait lui permettre d’accéder à la formation qui lui convenait. Et bien qu’elle ne soit pas francophone, elle a obtenu sa bourse. Du coup, aujourd’hui Loredana parle un français très correct qu’elle a appris en France, au cours de stages qu’elle a effectués durant sept mois par an environ, dans le cadre de sa thèse en co-tutelle entre l’Université de Bucarest et celle de Rennes I. Pragmatique, Loredana affirme qu’elle est prête à poursuivre des stages à l’étranger, en France ou ailleurs, parce qu’il s’agit du meilleur moyen d’obtenir de l’argent pour mener par la suite des programmes de recherche en Roumanie.
Partir pour mieux revenirEt s’il y a un point commun entre ces cinq étudiants, c’est bien ce désir de contribuer chacun à leur manière à ce que Valentin Gavan appelle «l’essor scientifique et économique» de la Roumanie. Ce jeune homme qui a obtenu son diplôme d’ingénieur à l’Université technique de construction de Bucarest est allé faire, avec son compère Tiberiu Catalina, un master à l’Institut national des sciences appliquées (Insa) de Lyon. Un moyen pour lui «de travailler dans un environnement professionnel». Mais tous les deux n’ont qu’un objectif : intégrer une université roumaine pour enseigner et faire de la recherche.
La motivation est identique pour les deux jeunes femmes qui sont issues de la Faculté de sciences politiques de l’Université Bucarest et ont intégré l’Ecole doctorale francophone en sciences sociales, une filière soutenue par l’AUF. Toutes les deux ont obtenu des bourses pour faire leurs thèses sur des sujets importants mais peu étudiés jusqu’à présent en Roumanie. Fabiola Stoi travaille sur toutes les problématiques liées à l’immigration et plus précisément sur la communauté des migrants roumains au Québec, grâce à la bourse qui lui a permis d’intégrer l’Université de Laval. Damiana Otoiu, qui est partie à l’université libre de Bruxelles, s’intéresse, pour sa part, à la restitution des propriétés en milieu urbain, un sujet très sensible en Roumanie.
Pour Catinca Barna, la chef de projet mobilité pour l’Europe centrale et orientale, il est important de soutenir les demandes des étudiants en sciences sociales car ce domaine de recherche a été totalement délaissé pendant les années communistes. Dans le cadre des critères définis pour l’octroi des bourses aux étudiants d’Europe centrale et orientale, celui-ci est donc «privilégié» pour essayer de rattraper le temps perdu. Ailleurs, en Afrique par exemple, les priorités des experts chargés de l’attribution ne seraient pas forcément identiques. Si ce n’est sur un point fondamental dans le réseau de l’AUF, qui s’étend dans 70 pays (dont l’Algérie), soit plus que le nombre d’Etats qui font partie de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) : évaluer la motivation des demandeurs à mener un projet d’études «utile» jusqu’au bout et à revenir ensuite dans leur pays pour le faire profiter de l’expérience et des connaissances acquises. Car qui dit «bourses en Francophonie», ne dit pas surtout pas «fuite des cerveaux».
par
Valérie GasArticle publié le 27/09/2006 Dernière mise à jour le 27/09/2006 à 12:54 TU
RFI