Bonsoir Hello,
Une fois de plus, doctus cum libro (savant avec des livres), je te réponds en collectionnant en partie les informations recueillies sur Internet.
Il existe en français un NE dit explétif c’est-à-dire qui n’ajoute rien au sens ou à la syntaxe de la phrase et qui n’est jamais essentiel. On l’utilise presque exclusivement à l’écrit, dans la langue très soignée. On le rencontre dans différents types de constructions. Le NE explétif est posé tout seul, jamais suivi de PAS.
1. "Ne" est explétif lorsqu'il apparaît dans certaines subordonnées
- après les verbes de crainte (redouter, appréhender, craindre, etc.) on met habituellement un "ne" explétif (Je crains que votre ennemi ne revienne = Je crains que votre ennemi revienne # Je crains que votre ennemi ne revienne pas). On ne met pas "ne explétif" si ces verbes sont pris négativement (Je ne crains pas que votre ennemi revienne).
- après "éviter que, empêcher que" on peut mettre "ne explétif", son emploi est facultatif (Par son intervention, il a évité que vous ne vous blessiez ou que vous vous blessiez).
- après "défendre que" on ne met pas "ne explétif" (Il a défendu que vous entriez et non que vous n'entriez). Mais "ne" de la négation "ne ... pas" est bien sûr possible: Il a défendu que vous n'entriez pas.
- après "nier, disconvenir, désespérer, contester, douter, etc.", on met "ne explétif" si ces verbes sont négatifs ou interrogatifs (Il ne doute pas qu'il ne vous rembourse). Mais on ne met pas "ne explétif" s'ils sont utilisés affirmativement (Je doute qu'il vous rembourse).
2. Dans les propositions subordonnées de comparaison, on emploie ne explétif seulement si on exprime une inégalité (différence, supériorité ou infériorité).
Les manifestants étaient plus nombreux qu’on ne l’a prétendu.
C’est beaucoup moins difficile que je ne l’avais imaginé.
Ainsi, on peut employer ne explétif quand la principale contient un terme tel que : autre; autrement; davantage; meilleur; mieux; moindre; moins; pire; pis; plus; plutôt
Exemple: Ce travail s'est mieux fait que je NE l'avais prévenu. (ou que je l'avais prévenu)
Remarque:
Lorsque la comparaison est de l’ordre de l’égalité (aussi, autant…), on ne peut pas employer ne explétif sauf si la principale est négative (on se retrouve en fait dans le cas de l’inégalité).
Exemple:
- Les dégâts sont aussi importants que s’il s’était agi d’un cyclone. (et non que s’il ne s’était agi… : la principale n’exprime pas une inégalité).
- Les dégâts ne sont pas aussi importants qu’on l’avait imaginé. (ou qu’on ne l’avait imaginé : la principale contient une négation).
3. Après certaines conjonctions: avant que, à moins que, de peur que, de crainte que
- après "avant que" l'emploi de "ne explétif" est facultatif (Avant qu'il parte ou Avant qu'il ne parte).
- après "à moins que" on met "ne explétif" (Il partira à moins que vous ne lui parliez).
- après "sans que" on ne met pas "ne explétif". Selon les grammairiens, le sens de la préposition sans permet, à lui seul, l'expression d'une nuance négative. (Je crois que nous pouvons régler ce conflit sans que les parents interviennent et non sans que les parents N'interviennent)
Je termine toujours par te faire comparer:
- Je crains qu'il soit malade.
- Je crains qu'il ne soit malade.
Les deux phrases ont exactement le même sens, malgré la présence du ne dit "explétif".
Résumé: l'essentiel consiste à faire la différence entre le Ne explétif (qui n'a donc aucune valeur de négation et qui n'est là que pour soigner le style après certaines expressions) et le Ne négatif accompagné généralement par Pas.
***Il se trouve cependant des cas où le NE s'emploi sans PAS, mais constitue tout de même un Ne négatif. C'est bien après les verbes: savoir, cesser, oser, pouvoir qu'on a tendance à omettre le PAS.
Par exemple:
- Je n'ose parler devant le public: le NE est bien négatif et non explétif (= je n'ose pas parler devant le public).
- Je ne sais où mettre ces livres = je ne sais pas où mettre ces livres.
- Je ne peux t'aider = Je ne peux pas t'aider
- Il ne cesse de pleuvoir = il ne cesse pas de pleuvoir
***Le «ne» explétif est plutôt pour l'oreille : on pourrait s'en passer pour le sens, alors que le «ne» de la négation est nécessaire à la négation et qu'on ne pourrait pas s'en passer.
Ça a été plus difficile que nous ne le pensions : Ne neutre, explétif > pas de négation ici ; la phrase équivaut à «Ça a été plus difficile que nous le pensions» ;
«Je ne sais comment vous dire = Je ne sais pas comment vous dire» : il y a une négation, et comme tu l'écris, on peut se passer de «pas» mais pas de «ne» (à l'oral, familièrement, on oublie le «ne» : ex. : «il est pas encore arrivé» = il n'est pas encore arrivé).
En me relisant, je trouve que l'explication reste ambigüe. S'il y a quelque chose qui cloche, dis-moi sans retard.
Je t'expliquerai à nouveau, de façon plus détaillée et plus partielle, de sorte que tu piges mieux.
Bonne nuit.